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Dans les pays en développement, la pauvreté est un phénomène concentré en zone rurale où la grande majorité des exploitations agricoles maintiennent des pratiques culturales rudimentaires. Pourtant, dans ces pays, l’agriculture contribue de façon importante à l’économie nationale et ce, tant au niveau de l’emploi que du PIB.

Malheureusement les contraintes au développement de l’agriculture restent importantes. Les aléas naturels et climatiques s’accentuent alors que les marchés agricoles restent incertains. Les compétitions sur les ressources se renforcent, la structuration des agriculteurs reste insuffisant tandis que les politiques agricoles rénovées peinent pour leur mise en œuvre.

Cette réalité panafricaine caractérise au mieux l’agriculture burkinabè. En effet, les producteurs sont confrontés à une gamme variée de contraintes qui entravent les activités du secteur agricole. Au nombre de ces difficultés, le financement est l’un des facteurs clés du sous-développement de l’agriculture burkinabè. Pour moderniser leurs activités, les producteurs ont besoin d’investir, pourtant les ressources propres sont insuffisantes voire inexistantes. En sus, les structures financières font moins confiance aux agriculteurs, ignorent tout l’intérêt de leurs besoins ou encore mettent en place un volume financier très faible pour ces agriculteurs.

Malgré ces contraintes, les producteurs se battent au quotidien, s’équipent et intègrent des productions à haute valeur ajouté. Parallèlement, ces producteurs pratiquent des activités telle l’élevage et s’insèrent dans divers marchés afin d’améliorer leur capacité économique. Ainsi, pour mieux entreprendre, une dynamique d’organisation s’installe au sein des agriculteurs.

Les organisations paysannes se forment notamment les associations, les coopératives ou encore les groupements. Elles acquièrent des statuts de structures d’économie sociale et solidaire (ESS) et reconnues officiellement. Les petits producteurs se retrouvent désormais dans des cercles de défense d’intérêts communs. Force est de reconnaître que ces structures d’EES jouent un rôle inestimable dans les politiques agricoles d’un pays.

Rôle des organisations d’ESS dans le financement agricole

Autrefois, les producteurs du pays des hommes intègre ont joué un rôle extrêmement limité pour ne pas dire inexistant dans l’élaboration des politiques agricoles. Cela s’expliquait surtout par un manque d’organisation au sein des agriculteurs. Pour répondre à cette carence organisationnelle, les acteurs du monde agricole se sont réunis en associations et/ ou groupements pour mieux défendre des intérêts communs.
De nos jours, ces structures qui fonctionnent sous le régime des ESS sont sollicitées et responsabilisées pour gérer des questions du domaine agricole. Depuis plus de deux décennies, ces organisations ont participé à l’élaboration de politiques agricoles.

Le cas illustratif est l’instauration de la Journée Nationale du Paysan (JNP) dont la 20ème édition a été célébrée récemment à Kaya, chef-lieu de la région du centre-nord. C’est un tremplin pour les producteurs de se faire valoir. Peu à peu, les organisations paysannes ont bénéficié la confiance des autorités et sont désormais inscrits dans les sphères de décisions. Depuis lors, on constate l’ampleur et la dynamique des associations paysannes.

Au Burkina, une enquête révèle que le taux moyen d’appartenance formelle des ménages enquêtés à au moins un groupement est de près de 67 %. Grâce à ces formes d’organisations, les producteurs accèdent à des structures de micro-crédit. Elles ont contribué au développement de nombreuses filières agricoles, notamment la culture du sésame ou encore le riz. Ce sont des pratiques de solidarité qui, de par leur dynamisme force l’admiration de l’Etat.

C’est ainsi que dans la mise en œuvre des politiques agricoles ces structures ayant au préalable participé à leur élaboration sont le champ d’application. Ces associations ont même évolué pour se constituer en faitière ou en confédérations avec une influence encore plus grande sur les politiques agricoles.

Dans le domaine du riz, nous avons l’interprofession CIRB (Comité interprofessionnel du riz du Burkina) qui comptent les organisations de producteurs, les transformateurs, les transporteurs et les détaillants du riz. Par exemple, l’UNERIZ ou l’union nationale des étuveuses de riz du Burkina ou l’Union nationale des producteurs de riz du Burkina font partie de cette chaine.

La Confédération Paysanne du Faso (CPF) regroupe 15 faitières dont la FENOP (Fédération nationale des organisations paysannes, La FEPAB (Fédération des Professionnels Agricoles du Burkina), La FEB (Fédération des Eleveurs du Burkina), La FENAFER/B (Fédération Nationale des Femmes Rurales du Burkina), la FENAO/PFLNL (Fédération Nationale des Operateurs des Produits Forestiers Ligneux et Non Ligneux) etc.

Que ce soit les actions du gouvernement ou celles de ces partenaires dans le secteur agricole, l’influence de ces structures est non négligeable. Elles sont parfois assimilables à des garanties en cas de prêt auprès d’une institution financière par les membres. Ces organisations justifient l’adage selon lequel « l’union fait la force » dans la mesure où les producteurs s’associent pour des commandes d’engrais ou d’autres intrants agricoles. De nos jours, les dotations de l’Etat en intrants agricoles ou en matériels agricoles passent nécessairement par les formes d’organisations paysannes (OP).

Il convient de préciser que les OP sont souvent perçues comme des supports de financement pour le gouvernement d’autant plus que certains bailleurs sont attirés par le dynamisme de certaines structures faîtières. Par l’entremise des OP, beaucoup de producteurs ont pu avoir des intrants agricoles. Des agriculteurs ont accès à des crédits agricoles grâce à ces structures. Le warrantage par exemple est un mécanisme qui permet aux OP d’avoir du cash auprès des institutions financières en gageant leurs produits.

Les organisations paysannes sont donc de véritables leviers de développement. La particularité de ces organisations est qu’en dehors de l’enrichissement des membres, elles s’investissent pour l’intérêt général de la société.

Comment renforcer les compétences des organisations paysannes ?

La dynamique de structuration des agriculteurs a peu progressé ces derniers temps, cependant des défis majeurs restent à relever. Il existe toujours des catégories de producteurs qui demeurent réticents aux initiatives des OP. Pour cela, le gouvernement devrait davantage insister sur les regroupements des producteurs afin de procéder au renforcement de leurs capacités entrepreneuriales.

Ces producteurs devraient être formés aux techniques culturales en vue d’accroître la production nationale. De même, un accent particulier doit être porté sur les produits de grande consommation. Pour se faire, des OP pilotes doivent servir d’exemple pour les autres. Par ailleurs, le manque de financement des OP demeure l’un des défis. Le manque de connaissances sur les besoins de financement des agriculteurs est parfois cause de non financement.

Les institutions financières connaissent mal les réalités des agricultures ; les organisations agricoles sont peu à même de définir les besoins de financement de leurs membres et les services d’appui aux agricultures manquent parfois de compétences en finance agricole. Même si les institutions financières offrent du crédit aux agriculteurs, elles limitent les possibilités de ces derniers. Les taux de remboursements ne coïncident pas souvent avec les réalités des producteurs. C’est pourquoi d’ailleurs, certains éprouvent des difficultés à rembourser les prêts. Ce sont autant de particularités auxquelles le gouvernement doit prendre en compte pour rehaussera le niveau de production et prétendre à l’autosuffisance alimentaire.

Article réalisé par l’Association Yam Pukri

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