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L’amélioration de la souveraineté alimentaire et de l’augmentation des revenus des populations rurales nécessite plusieurs axes de travail, comme le droit de protection du marché alimentaire par des taxes d’importation, une augmentation et une diversification de la production agricole, une production plus durable en réduisant les apports chimiques, mais aussi la promotion de la consommation des produits locaux. La concurrence des produits importés est lourde, surtout dans la capitale où une grande partie des produits alimentaires consommée vient d’Europe, d’Asie ou de l’Amérique. Dans un pays, où deux tiers de la population vit de l’agriculture, il est nécessaire d’augmenter l’offre des produits alimentaires transformés localement et d’agrandir la part du marché des produits locaux.

Dans ce contexte, une des filières la plus prometteuse est le manioc. Le manioc est un tubercule assez répandu en Afrique de l’Ouest, qui nécessite de relativement peu de fertilisants, de pesticides et d’entretien. A cause de son apport de calories et de revenus additionnels provenant des racines et des feuilles, l’importance du manioc dans la lutte contre l’insécurité alimentaire ne cesse d’augmenter.

Le tubercule lui-même, à l’image de la pomme de terre, peut être transformé et donc consommé de plusieurs formes différentes. A titre d’exemple, un met qui gagne en popularité au Burkina est l’attiéké, Comparable au couscous de blé, l’attiéké est toutefois légèrement acide. Pour ce type de consommation,une double transformation est nécessaire : du manioc en pâte de manioc et ensuite la transformation de la pâte en graines fines. C’est dans ce domaine que le Groupement de Transformation des Produits Agricoles (GTPA) Wendkuuni, nouveau partenaire commun de l’ASTM et d’SOS Faim, s’engage. Ces activités s’intègrent bien dans une approche de souveraineté alimentaire et de renforcement du monde paysan

Le GTPA Wendkuuni est un Groupement de Transformation des Produits Agricoles reconnu depuis mars 2011. Le groupement compte une trentaine de membres, toutes des femmes actives dans la préparation et la vente de l’attiéké et en partie dans d’autres produits agricoles transformés. Il détient une unité de préparation d’attiéké (transformation de la pâte en graines) dans le quartier « Zone 1 » de la ville de Ouagadougou. Une partie de la pâte de manioc est produite également par le GTPA dans un village en dehors de Ouagadougou. Son objectif est d’améliorer la situation économique de ces membres à travers la transformation et la commercialisation de produits agricoles locaux.

Leur clientèle est constituée d’individus privés, comme par exemple des employés de bureaux qui se laissent livrer la commande au bureau, mais aussi d’institutions comme les cantines de deux facultés d’universités qui commandent régulièrement en gros. Le fait que des grandes cantines universitaires s’approvisionnent auprès du GTPA en renforçant ainsi le marché local et contribuant à la création d’emplois peut être considérée comme une première grande réussite de l’action.

Le GTPA a démarré ses activités exclusivement sur ses fonds propres. Au cours de ces quatre dernières années, le chiffre d’affaire a connu une nette évolution et est passé de 7.000 euro en 2010 à 21.000 euro en 2013, soit 3 fois plus en trois ans. En 2014, afin de pouvoir mieux aménager le site de production et pour faire face à la production croissante,le groupement a demandé et obtenu un crédit de 24.300 euro.

Sur la même période, la structure interne de l’organisation a moins évolué que le bilan financier. Le groupement continue jusqu’à présent à fonctionner de manière plutôt informelle, ce qui n’est pas si étonnant puisque nombre d’activités économiques en Afrique demeurent dans le secteur informel. Cependant, les membres démontrent une volonté et une ouverture d’esprit au changement, à l’évolution et au développement de leurs activités.

C’est sur base de ce constat, que le consortium ASTM-SOS FAIM apporte son soutien, en particulier dans le domaine développement organisationnel. Dans un premier temps, un diagnostic détaillé participatif du fonctionnement de la structure a été élaboré pour ensuite jeter les bases d’un nouveau plan de développement sur les cinq prochaines années.

Le diagnostic a relevé des atouts très encourageants comme l’entente entre les membres, l’engagement des membres dans l’activité de production et de vente d’attiéké ou la qualité des dirigeantes. Le contexte peut être considéré assez favorable également. Les politiques nationales essaient de favoriser la transformation des produits et les activités économiques des femmes.

Cependant, certains défis restent à résoudre. La faible organisation, l’insuffisance de l’équipement de travail et la petite taille du site de production peuvent limiter les résultats escomptés. L’ambition actuelle des membres est que le groupement évolue vers une coopérative plus structurée et fonctionnelle qui puisse répondre à l’ensemble des attentes des membres. 4 axes prioritaires ont été dégagés :

1. L’amélioration des capacités organisationnelles pour faire de GTPA une coopérative fonctionnelle répondant aux principales dispositions légales et règlementaires aussi bien au niveau régional qu’international (OHADA) ;
2. L’établissement d’un cadre de travail avec un niveau d’équipement et de matériel permettant une production qualitativement et quantitativement suffisante ;
3. L’assurance d’un niveau de qualité élevé des services et produits de GTPA depuis la matière première aux produits finis ;
4. La mise en œuvre de mécanismes stratégies de mobilisation de ressources avec une visée sur l’autonomie financière du groupement. Dans une deuxième phase à partir de l’année prochaine (2016), la mise en œuvre du plan de développement débutera.

Extrait du dossier « regard sur le Burkina Faso »
Charles Schiltz membre de l’Association Solidarité Tiers Monde
Décembre 2015
http://astm.lu/

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