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Date de publication : 30-11--0001
Edition : Non défini
Auteur : ired.org
Type : Ouvrages
Theme :
Afrique : identité culturelle et souveraineté alimentaire \r\n\r\nPourquoi les Suisses auraient-ils le droit de manger une bonne raclette avec du fromage valaisan et les Africains francophones devraient-ils manger des cuisses de poulets françaises ou de la brisure de riz thaïlandais, alors qu'ils peuvent produire l'un et l'autre ? Parce qu'ils sont pauvres ? Non, surtout parce que depuis des décennies les accords commerciaux multilatéraux et bilatéraux les forcent à ouvrir leurs marchés aux produits étrangers subventionnés (dumping) en échange d'une certaine ouverture des marchés européens et américains à leurs produits, et d'une "aide au développement", par exemple le désendettement, qui ne remet rien en question. La sinistre conséquence en est la baisse de la production locale, le découragement des producteurs, l'absence de petite industrie de transformation et l'émigration. Mais il y a plus : la perte d'une identité culturelle profonde, et de la santé. Les mentalités sont déstabilisées comme partout ailleurs, conséquence des déséquilibres grandissants provoqués par l'emballement d'une mondialisation économique, médiatique et celle des transports mal maîtrisée. Les peuples ne lorgnent pas seulement vers la tentation nationaliste ou religieuse extrêmistes, mais sont aussi à la recherche d'une identité culturelle qui passe également par la nourriture. Le rejet de la nourriture étrangère grandit. <br />\r\n<br />\r\nUn récent Forum mondial de la souveraineté alimentaire a eu lieu à Nyéléni au Mali qui a réunit 500 participants de 80 pays des cinq continents: paysans, pêcheurs traditionnels, travailleurs ruraux, peuples autochtones, éleveurs nomades, habitants des forêts, groupes de femmes, de jeunes, d'écologistes, d'urbains. Toute une humanité qui a elle aussi droit à une qualité de vie et de nourriture. Tous se sont unis dans une déclaration commune : tout faire pour que la souveraineté alimentaire soit reconnue par la communauté internationale et comme un droit fondamental. "La souveraineté alimentaire, c'est le droit des peuples à une alimentation saine, dans le respect des cultures, produites à l'aide de méthodes durables et respectueuses de l'environnement ainsi que le droit de définir leurs propres systèmes alimentaires et agricoles. Elle défend les intérêts et l'intégration de la prochaine génération. Elle représente une stratégie de résistance au commerce mondial actuel..." Et les participants, c'est un comble, de se réjouir d'avoir enfin pu manger des produits locaux qu'un groupe de femmes maliennes avaient produits localement : le niébé (haricot), le riz Gambiaca (riz malien de haute qualité), le fonio (céréale du Sahel), des beignets de mil. Que diraient les Italiens si pour cause d'importation de produits étrangers, ils ne pouvaient plus manger de pâtes ou les Français de pommes-frites ? <br />\r\nChristine von Garnier, <br />\r\nAntenne suisse Réseau Afrique-Europe Foi et Justice,\r\n14 mars 2007