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Conférence du Prof SERVET Michel à l’Institut Panafricain pour le Développement Afrique de l’Ouest et du Sahel ( IPD-AOS)

Thème : l’économie comportementale, son fonctionnement et ses limites.

Pour la deuxième année consécutive, le Pr Jean Michel SERVET, Professeur honoraire à l’Institut de hautes études internationales et du développement ( IHEID) basé à Genève a animé une conférence à l’Institut Panafricain pour le Développement Afrique de l’Ouest et du Sahel le 4 Aout 2018 à partir de 16 heures.

Cette conférence entre dans le cadre de la formation en Executive Master en politiques et pratiques du développement Diplôme en théories et Pratiques du Développement, Afrique Francophone organisé en partenariat avec Yam Pukri.

Ont assisté à cette rencontre plus d’une cinquantaine d’étudiants dont ceux du programme en Executive Master en politiques et pratiques du développement venus de plusieurs pays d’Afrique et d’Europe et des enseignants chercheurs.

Pour le Pr SERVET, l’économie comportementale est une approche qui consiste à faire des études de type clinique et à déduire des observations faites des conclusions et recommandations souvent hâtives sans une analyse profonde du système d’ensemble.

Cette méthode utilise la technique de randomisation (une enquête de type aléatoire où participe des bénéficiaires et non bénéficiaires d’un projet de développement). Par exemple, on peut donner des comprimés vermifuges à des écoliers et un autre groupe témoin constitués d’écoliers ayant les mêmes caractéristiques que le groupe bénéficiaire. On essaie ensuite de comparer leurs résultats scolaires. L’objectif est de voir si les enfants déparasités sont plus performants à l’école que les enfants non déparasités. Ces techniques connaissent des heures de gloire actuellement avec des économistes comme Abhijit Banerjee, Esther Duflo et Sendhil Mullainathan.

Ces méthodes quantitatives connaissent un franc succès à cause des financements astronomiques reçus de la Banque Mondiale et des fondations américaines d’une part et d’autre part de l’aura de certains chercheurs dans le monde politique.
Pour Arthur Jatteau pour le cas des fondations « Hewlett, Gates, MacArthur et Ford. Nous avons ainsi recensé 51 donations entre 2003 et 2015 7, pour un montant légèrement supérieur à 60 millions de dollars. Leurs montants peuvent être élevés (jusqu’à 15 millions de dollars) et la variance assez forte ».

Le Pr SERVET montre que seulement une petite fraction des problèmes peut être expliqué par la randomisation qui pourtant se révèle aujourd’hui comme le modèle idéal d’explications des mesures d’impacts dans le domaine du développement.
Le conférencier dans sa présentation de l’économie comportementale, a fait ressortir que le courant "économie comportementale’’ est née dans les années 2000 et son objectif est double. Premièrement elle veut s’extraire de la vision de l’homo oeconomicus dominant de la science économique, deuxièmement, elle veut contribuer à transformer les comportements des populations en vue d’une "bonne économie’’ par des collaborations avec les pouvoirs publics, les entreprises et les associations.

Selon le professeur SERVET, l’économie comportementale est dominée par deux techniques : les tests en laboratoire et des expérimentations de « terrain » par randomisation. On constate que les tenants de ces techniques mettent l’accent sur la validité « interne » des résultats (par le traitement statistique des données et la supposée évidence des chiffrages) plus que sur une validé « externe » qui impliquerait une connaissance fine des différents « terrains » des expérimentations et des tests. De là découlent les questions suivantes : les succès médiatiques de la méthode valident-ils la technique et le prétendu pragmatisme et son sous-jacent idéologique ? prouvent-ils une supériorité par rapport aux autres courants de la science économique ? Ces différentes interrogations ont trouvé des réponses au cours de la conférence.

Pour le Dr Sylvestre Ouédraogo, des voies alternatives commencent à se lever en Afrique pour dénoncer avec des études à l’appui le chemin cloisonné des approches de développement soutenues par la Banque Mondiale et certaines organisations dans le monde. Le rapport alternatif sur le développement en Afrique à son numéro zéro paru il y a à peine un mois dénonce avec force avec à l’appui des écrits des grands chercheurs africains les approches et méthodes utilisées dans le domaine du développement.

Dans la même veine, le Dr Fernand VINCENT, Fondateur de l’IPD dénonce avec fracas les méthodes utilisées dans les projets de développement qui ne permettent pas une véritable émergence d’un tissu sain dans le domaine économique et social en Afrique. Par exemple, il explique que les méthodes de montage de projets et d’évaluation actuellement utilisées dans le monde du développement s’inspirent des méthodes utilisées dans les grandes entreprises en occident ; Comment demander à une petite association de remplir des dizaines de pages pour postuler à un projet où il est nécessaire d’avoir l’accompagnement de personnes hyper expertes ?
Des voies doivent donc se lever pour dénoncer la vision réductrice du monde à une seule approche et méthode qui ne peut presque rien expliquer, sauf sortir des affirmations directes venant d’enquêtes qui souvent sont des enquêtes d’opinions ou des visions purement réductrices du monde.

Après 2 heures de temps, le Directeur de l’IPD-AOS a remercié le Prof SERVET pour son intervention et également pour sa donation de plus de 12 documents pour la bibliothèque de l’IPD-AOS. Le Pr SERVET a également assuré la semaine du 6 au 11 aout 2018 une formation à l’IPD-AOS de l’université d’été en économie sociale et solidaire.


Pour en savoir plus sur le Pr et l’exécutive master en pratiques et politiques de développement,

Pr Jean Michel Servet https://www.chasse-aux-livres.fr/prix/2843772087/l-economie-comportementale-en-question-jean-michel-servet?query=J.M.%20Servet

http://dpp.graduateinstitute.ch/fr/home.html


Dr Sylvestre OUEDRAOGO, Directeur Régional, IPD-AOS
Sana Safiatou, Labo-ESS, , IPD AOS Ouagadougou